D'un morceau de bois flottant rencontré au bord d'une plage de Tunisie, Pauline découvre l'expression de l'équilibre, l'harmonie et la poésie qui l'unie à la nature.

Pauline Effantin est originaire de Poitiers. Mais son parcours est hors du commun. Sa passion pour la nature, le vivant, le végétal la conduira vers un diplôme d’ingénieur agronome et à prendre en charge le développement agricole de Grenoble. Puis sa soif d’apprendre l’emmènera chez un artisan fleuriste à Eyzin-Pinet, où elle se forme à l’art floral.

Elle obtiendra avec succès un nouveau diplôme. Diverses compétences qui lui permettront d’enseigner la biologie dans un établissement scolaire à Vienne, pendant cinq ans " et à transmettre l’émerveillement autour du vivant et du végétal " confie-t-elle.

En 2007, elle se rend avec sa famille à Jérusalem, pendant un an, puis à Tunis avec l’organisation Handicap International, où elle résidera pendant neuf ans. Le début d’un long cheminement.

Ce que je ramène d'une glane sur la plage... à laver, sécher au soleil, à caresser, palper, à trier, à imaginer.

Là-bas, elle est saisie par la grâce et la beauté d’un fragment de bois qui flotte sur la mer. Elle va d’abord ouvrir en 2010 un atelier pour créer des bijoux à base de bois, et rencontre un artisan bijoutier avec lequel elle apprendra la technique du travail du metal. Elle obtient avec succès son CAP.

A son retour en France en 2016, à Bougé-Chambalud, d’où est originaire la famille de son époux Bertrand Effantin, elle découvre un livre d’Alexandre Calder, sculpteur américain sur les mobiles, le travail dans l’espace et la suspension.

Faire d'un fragment de bois flotté cueilli ici ou là un assemblage harmonieux pour devenir une œuvre aussi unique que belle. Pauline Effantin ouvre la porte de son atelier.

" Un endroit bien à elle qui dégage une certaine spiritualité, fait à la fois de silence et d'énergie. "

Quand on entre pour la première fois dans son atelier paré de murs blancs, on est frappé par la quiétude qui y règne. Pauline Effantin y passe des heures, sans jamais les compter. Un endroit bien à elle qui dégage une certaine spiritualité, fait à la fois de silence et d'énergie.

Des heures qui s'écoulent sous son regard, à choisir un bout de bois soigneusement rangé, dont le trajet a été sculpté par l'eau et le temps. Pour le faire renaitre et lui offrir une autre dimension, plus légère encore. Toujours en quête du parfait équilibre

La seule, en France, à se consacrer à cet art

" Depuis maintenant treize ans, je travaille à faire un assemblage de module aérien autour du bois flotté et le cœur de ma recherche est de trouver le juste équilibre dans un mouvement léger le plus harmonieux, le plus poétique possible " explique t elle.

Avec une démarche forte, celle de ne jamais retoucher ce bois si précieux a ses yeux : “ je veux faire avec ce que la nature me donne, je m’adapte a elle" détaille celle qui est la seule, en France, à se consacrer a cet art.

Elle part donc de l'accueil d'un morceau de bois. Une observation, une méditation comme si le temps suspendait son vol. Elle y ajoute sa sensibilité un galet, une boule en verre soufflé, une perle en raku, une graine, un disque de porcelaine, des matières toujours contrastées qui tiennent par un fil de pêche. Puis elle termine par un cercle de métal, à suspendre ou sur un socle en bois.

"Puis elle termine par un cercle de métal, à suspendre ou sur un socle en bois."

Un art volontairement épuré, un vide silencieux dans ce cercle qui relie l’eau, la terre, le travail de l’homme, telle une chorégraphie en apesanteur : " je ne me lasse pas de ces instants car c’est à chaque fois une émotion qui m’apporte la paix, et la joie ".

Pauline Enfantin mesure la chance qu’elle a eue d’avoir été soutenue par son époux Bertrand, et ses deux enfants : " Ma famille a toujours cru en moi, plus que moi d’ailleurs et mes deux enfants me disent qu’ils sont fier de moi. Ils avaient senti avant moi que j’avais quelque chose à vivre là-dedans. Depuis un an et demi je consacre mon art à plein temps. Je communique plus qu'avant, je me fais connaître par des expositions collectives, des galeries, les réseaux sociaux. Il y a même une personne de Las Vegas qui m'a contactée car elle a été émerveillée par mon travail " confie l'artiste.

" Je ne peux pas exposer n’importe où car mes oeuvres prennent de la place, c’est une longue et méticuleuse préparation pour transporter mes créations qui n’ont pas de nom dans un souci de liberté, pour ne pas les enfermer dans ma vision " souligne-telle.