Déborah parle des inspirations et de ce qui la prend au co(eu)r(ps) : à la fois une compréhension intime de soi-même et une exploration de la féminité.
J’ai fait grandir ma sensibilité pour les corps humains, les textures et les couleurs de leurs peaux, les muscles qui sous-tendent leurs mouvements, les organes qui font la vie. Les lumières et les paysages de la Dordogne subliment mon quotidien. Je cherche une hybridation entre la nature paysagère et le corps humain : visages, corps nu, ombres et couleurs. Entre l’intimité des corps nus et la fragilité de nos êtres.
Mes peintures transcrivent l’envie de raconter le corps féminin à travers : sa beauté, sa lumière, sa mémoire, sa quête (de liberté, de plaisir, de sensualité, de guérison…), les récits qui se racontent et se déploient, tissés entre leurs mots et dessins.
Je travaille à partir de photos que je commande à des modèles ou via des séances de modèles vivants. Explorant la couleur par le biais des encres et de l’aquarelle sur papier, j’aime l’instantanéité de l’encre, sa diffusion à la fois aléatoire et maîtrisée. J’ aime également travailler la superposition de couches de couleurs et explorant la Technique du layering.
La question du corps dans l'espace.
Illustrée par la création de corps hybridés avec des éléments de la nature qu’ils soient internes (anatomie du coeur) ou externe ; paysages, arbres, végétaux.
« Mais où est-elle notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ? »
Georges Perec
La danse m’inspire énormément; je suis attirée par des corps en mouvement dans des postures complexes, non conventionnelles : en équilibre sur un pied, avec les bras autour de la tête, recroquevillées ou au contraire en extension.
La recherche d’images est importante, car c’est la superposition et l’enchevêtrement des différents corps et postures qui créé l’oeuvre. C’est également toute une iconographie autour de l’anatomie humaine mais aussi de la botanique qui vient hybrider les corps.
Pendant la réalisation des œuvres, je me suis inspirée d’un livre : "Être à sa place", Claire Marin. Où elle dit ceci:
« Il faut parfois s’arracher et s’enraciner ailleurs pour que notre vie ne soit pas veine, tel est peut-être le sens de tant d’efforts pour échapper à l’existence prévisible de tout être vivant »
J’aime particulièrement cette citation qui valorise la notion d’arrachement pour mieux s’ancrer.
« Nous le réalisons, sans forcément le savoir, les rêves d’autres vies antérieures à la nôtre. »
Claire Marin
Ces réflexions quotidiennes surgissent dans ma pratique artistique avec l’apparition dans mes peintures de créatures hybrides qui s’élèvent : des femmes-Arbres où leur corps est le tronc. Les racines symbolisent là d’où nous venons et les branches sont nos créations futures.
Je suis le tronc, le présent en somme, j’écris ma propre histoire et je m’enracine chaque jour un peu plus.
« Habiter signifie se fondre charnellement dans la topographie d’un lieu, l’anfractuosité de l’environnement. »
Gaël Faye