Dominique Spiessert est un artiste prolifique, protéiforme, sa ligne glisse, divague, se place et navigue vers le centre, la boucle, le point, l’étoile.

Dominique Spiessert est un artiste prolifique, protéiforme, sa ligne glisse, divague, se place et navigue vers le centre, la boucle, le point, l’étoile. Comme l’Ourobouros se mord la queue et roule sur lui-même, comme le Sphinx se régénère de ses centres, un de ses tableaux, un de ses dessins en amène un autre puis un autre, à l’infini. Car le cercle, la boule, la sphère sont ses symboles, ses lieux où il peut s’épanouir, voir venir, renaître toujours.

Sur tous les supports, même les moins classiques de l’artiste d’atelier, sur les assiettes jetables, les sets de table, la patte est posée, l’alchimie entre le matériel et l’abstrait se fond, fusionne et fait apparaître l’entredeux d’un monde en mouvement, l’imaginaire. Pour qui suit le travail de cet artiste, certaines étrangetés devenues familières reviennent comme des clins d’oeils, des messagers constants manquent rarement un voyage, des serpents éveillent des corps allongés, un oiseau une feuille au bec côtoie le poisson au sourire lippu, des ailes poussent sur des animaux étranges et bariolés au milieu d’yeux parcourant un ciel de kraft comme autant d’étoiles. Le plaisir du créateur puise dans l’éternel retour à l’image revivifiée. Tout est à réinventer, sans cesse. Dans ces feuilles qui abondent il y a un rideau organique à lever, derrière le réel un monde fourmille, voilà ce qui apparaît, ce qui existe. Même en dehors de son atelier, son imaginaire danse encore. La transformation n’a pas de lieu préconçu ou établi, elle est de tous les moments, maniée, magnifiées par la main et la pensée d’un homme dont on peut dire de lui sans qu’il controverse: « bon qu’à ça », « plus fort que lui », « encore sinon rien ». Dans la rue, sur les pavés, les vitres, et dans les arbres, les empreintes du temps s’ouvrent à la métamorphose. Du bitume au baroque il n’y a qu’un pas. Le méga et le mini, l’immense et l’infime se conjuguent en jeux d’images, variations en figure libre, traits automatiques en roue surréaliste, dans un dérèglement des choses connues soudain rendues nouvelles.