Une réflexion sur la suspension et l'équilibre au sein des oeuvres fragiles, par essence, de Pauline Effantin, qui nous invitent à nous ancrer à la terre et à notre nature.

Pauline Effantin crée des mobiles, à suspendre.

« Suspendre » …

Le « temps suspendu » … Est-ce cela que l’artiste veut suspendre ? Le temps, notre temps ?

Il est vrai que nous courons, tous, trop.

La proposition de Pauline Effantin nous invite à l’arrêt.

Entrer dans une autre temporalité : celle d’un temps « suspendu ».

L’expression est belle. Cette idée que l’on pourrait suspendre le temps de sa vie. Oui, l’arrêter, le suspendre et le regarder.

Regarder un mobile de Pauline Effantin c’est faire cette expérience-là, du « temps suspendu ».



Mais pas seulement …



Pauline Effantin doit trouver l’équilibre, le juste équilibre. Difficile à trouver, difficile à conserver, tout comme, dans nos vies, il est difficile de trouver et de conserver l’équilibre.

L’équilibre est nécessairement fragile. Il requiert, de notre part, la vigilance.

Cet art, que pratique Pauline Effantin, est un art qui relève de la fragilité.

Être vigilant pour conserver ce qui est juste.

Travail des mains, du regard, qui part, d’abord, de l’intériorité de l’artiste, de l’acceptation de cette fragilité inhérente à notre condition d’homme.

N’est-on pas chacun, une vie suspendue dans le Temps ?



Et encore …



S’il fallait relier cette pratique artistique à un animal, de toute évidence, ce serait à l’un des plus fragiles de la Création : l’oiseau. Un oiseau arrêté en vol.

Fragilité. Légèreté. Équilibre.


La prouesse est d’autant plus remarquable que, dans cette pratique artistique, tout part de fragments de bois. Bois flotté, ramassé en bord de mer, loin, en Tunisie.

Bois passé au crible des flots, usé par la mer et qui finit, ramassé par une main généreuse, suspendu, dans un juste équilibre, magnifié.

Pauline Effantin, de cette manière, porte le bois de la terre au ciel. Elle accomplit une élévation, avec tout ce qu’il peut y avoir de beauté, de solennité, dans ce geste même de l’élévation.

Ce qui n’était que pauvreté, et qui aurait pu demeurer dans l’indifférence de la non-vision, se révèle en beauté, dans l’acte créateur de l’artiste.



A un tableau, il faut un mur, pour le porter aux regards.

Que faut-il à un mobile ? Rien que le vide de l’espace aérien dans lequel le suspendre, en écho avec cet espace qu’il faut ouvrir en soi, afin d’accueillir au mieux tout ce que cette œuvre nous dit de profond sur nous-mêmes.