Clothilde Lasserre peint l’humanité. Dans un jeu de couleurs et de lumières, elle fait vibrer la foule. Elle saisit les émotions et les mouvements des hommes et des femmes qui se rencontrent, qui dansent, qui rêvent. Un univers de couleurs envoûtant.

La peinture de Clothilde Lasserre reflète un parcours atypique dans le monde de l’art contemporain.

Elle ne vient pas à la peinture par hasard mais bien par nécessité. Comme le seul moyen d’exprimer et partager sa compréhension du monde, ses exaltations et ses angoisses. Comme son témoignage de la difficulté à vivre ensemble tout en étant unique. Ses foules en sont sans aucun doute la plus belle expression. Des foules d’individus noyés dans une masse aliénante mais dont les couleurs expriment si bien la richesse de la diversité des êtres. Et des âmes aussi.

Clothilde n’a pas fait d’école d’art ni même pris de cours de peinture. Elle respecte des maîtres mais ne doit rien à des professeurs et en retire une très grande liberté d’expression. Sa technique est forte mais elle n’est que le prolongement de son aspiration à mettre en couleurs les émotions de nos vies. Avec ce sens inné de la couleur pour seul repère, Clothilde s’attaque directement à l’huile sur toile. D’emblée, son pinceau apparaît puissant, son trait rythmé mais sa lumière reste sensuelle. Quand on lui demande quel est son style, dans quelle catégorie elle se range, elle répond souvent « ah les boîtes, les cases ? La peinture est venue me chercher pour fuir le monde des cases. Je n’y retournerai pas ».


Malgré tout, sa peinture est considérée par les professionnels de l’Art comme figuratif-expressionniste tirant parfois sur l’abstrait. Avant d’être peintre, Clothilde fut mathématicienne. De cette école de la rigueur absolue, elle a intégré dans son travail la puissance des symboles et l’art du langage. Les mathématiques sont une poétique disciplinée, la peinture est une discipline poétisée. Les deux permettent de raconter le monde tel qu’il est ou tel que l’on voudrait qu’il soit. Ses paysages enneigés doivent un peu aux fractales, ses foules beaucoup à la théorie du chaos. Ou l’histoire d’un monde qui se croit organisé mais qui sous une simple impulsion bascule dans la panique, la violence, la liesse ou le déchaînement de passion. Il n’est donc pas surprenant que ses œuvres aient rencontré un public enthousiaste en Chine notamment, pays de la foule s’il en est.

Pourtant, son sujet principal n’est pas tant la foule que l’Homme et cette fragilité qui l’incite à renoncer à son individualité pour se sentir moins vulnérable. Son traitement de l’huile et des couleurs aide à créer des scènes urbaines dans lesquelles on voit d’abord encore et toujours cette foule avant que ses cadrages et sa lumière ne conduisent à se reconnaître soi-même comme l’un au milieu des autres. Le travail de Clothilde nous touche parce qu’il parle de chacun de nous.

« Saisir dans un tableau l’inexorable mouvement d’une multitude de personnages, capter les bruissements de la vie … […] Ses personnages vont et viennent, noyés dans l’émail ou animés par la transparence de l’huile. Ils sont envahis par les liens qui se créent inexorablement. »
Aralya